Après avoir suivi les traces de notre parrain à Fréjus, un grand nombre d'élèves-officiers de la promotion Colonel Le Cocq ont pris le chemin de la maison mère des parachutistes à Pau. En effet, l’ETAP (École des Troupes Aéroportées) créée fin 1963 a déjà formé plus de 700 000 parachutistes.
Dès son arrivée, la promotion découvre cette institution de l’armée de terre, ses infrastructures, ce nouvel environnement et ses moniteurs du ciel. Or, la plus grande découverte est beaucoup moins palpable car est-il possible de parler d’ETAP sans aborder « l’esprit para » ? Cet esprit aussi bien redouté qu’apprécié est l'inspirateur d'une mentalité particulière aux troupes aéroportées et nos élèves-officiers ont pu l'apprécier pendant deux semaines.
Après les installations commence la première semaine dédiée à l’instruction au sol. Cette semaine se divise entre cours de maquette, de pliage, dépliage, d’instructions sous voile et d’entraînements aux redoutés atterrissages. « Serrez les jambes », tel est le credo de ces deux semaines de brevet. Les instructions se suivent à un rythme effréné alors que l’impatience du premier saut grandit et vendredi marque le dernier jour de cette première semaine d’instruction enrichissante.
La deuxième semaine annonce le début des sauts. Malgré tout, le thème de la semaine semble plus avoir été l’attente que le saut. En effet, l’appréhension, les soucis de mécanique et les conditions météorologiques en étaient les principales composantes. Mardi, le dessein du premier saut se fait ressentir. Dorsal sur le dos, ventral prêt à l’emploi, vérifications faites et c’est l’heure pour le premier avion d’embarquer. L’odeur du kérosène se mêle à la chaleur des moteurs tournoyants. En place, attachés, avion en bout de piste, le décollage est imminent. Le moment tant attendu du premier saut se dessine et se fait ressentir. Debout face à la porte, accrochée au câble, la première partie de l’avion est prête à sauter au signal de la lumière verte et des largueurs. La porte passée, le parachute s’ouvre et la zone de Wright apparaît sous nos pieds. Passés les opérations de sécurité et les quelques rares accrochages en l’air avec nos camarades vient le moment de l’atterrissage, moment où le credo de ce brevet et les innombrables entraînements à la chute prenaient tout leur sens. Une fois atterris, nous nous sentons absorbé par une vague de soulagement en s’apercevant que nous étions intacts. Mais nul temps de penser à cette expérience unique qui venait de se produire car notre temps était compté afin de ne pas subir les foudres des moniteurs qui nous attendaient montre en main. Le parachute enfin réintégré, le moment du retour permet à chacun de raconter ses péripéties, ses peurs, ses accrocs ou ses nouvelles aspirations.
Un saut, deux sauts, trois, quatre puis cinq toujours avec la même chronologie entre attente, aérologie défavorable et absence d’avions. Or après un deuxième week-end, lundi est le jour de l’ultime saut. Une journée d’attente et un atterrissage plus tard, nous voici rassemblés en groupe de saut pour se voir remettre le mythique insigne des parachutistes en présence du chef de corps de l’ETAP. C’est donc fiers de notre réussite et arborant notre brevet que nous défilons au rythme de notre chant de promotion le long de cette zone de saut qui aura vu passer tant de parachutistes.
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